Collection Jeune Vieux. Les Moineaux (2/2)
Que fait ce jeune homme tout seul, tous les samedis après-midi dans les jardins du Luxembourg assis sur le même banc à repousser les pigeons pour que les moineaux viennent picorer les boulettes de pain de mie sortie du paquet posé à son côté ?
Il semble bien seul et bien songeur.
Ce jeune homme sappelle Yvon, il a vingt ans et depuis 8 jours il vit chez moi.
Tous les soirs il vient où je viens à ses côtés et après avoir appuyé sa tête sur mon épaule, il me prend le sein délicatement avant de finir par le téter.
Tous les jours, les choses en restent là, mon corps réagit ce quil ne faisait plus depuis la mort de Charles mon mari.
Tous les jours, je reste bizarrement frustrée mais vu notre écart dâge et mon peu dinitiative du temps de mes rapports avec mon homme, je reste prostrée à la limite de la frustration.
Jaurais voulu quil en fasse plus, pour pouvoir le rembarrer, au moins il se serait passé quelque chose !
Aujourdhui il sest passé quelque chose de nouveau.
Il est sorti seul ce matin et est revenu m'annonçant qu'il avait eu un CDD dans un garage, il a étudié la mécanique.
Je suis rassurée, il a trouvé du travail, je peux partir tranquille en vacances comme chaque année.
Un transporteur est venu chercher ma malle et mes valises, je pars demain pour Concarneau.
- Pars tranquille, tu vois, je sais me débrouiller, je suis passé réserver une chambre dans lhôtel voisin.
Je ne serais pas à la rue en ton absence, en attendant de trouver un petit logement avec mes premières payes.
Le lendemain, cest avec deux gros baisers sur ses joues que je le quitte pour monter dans mon taxi qui memmène à la gare.
Je refuse de me retourner, je pourrais arrêter le taxi pour lui demander de monter et de m'accompagner.
Mais une fois de plus, par manque dinitiative, je ne tourne pas la tête.
Voyage jusquà Quimper puis Concarneau sans problème.
Jadore les trains, je les ai toujours aimés, nous les prenions chaque année avec mes parents pour aller à la mer.
Nous allions à Royan avant que je ne rencontre Charles et quils rejoignent ma grand-mère au cimetière Montparnasse.
Pendant mon absence, le marchand de fleurs voisin du cimetière changera les fleurs sur leurs deux tombes, bizarrement je nai jamais fleuri celle de mes parents.
Sans le dire à Yvon, à deux jours de mon départ, après que nous sommes venus nous recueillir, jai prétexté une course personnelle à faire pour demander au fleuriste d'en faire de même sur la tombe dAlice sa nounou.
Au bord de l'océan, jai retrouvé mes habitudes de farniente et de balade, même sous la pluie le deuxième jour où je suis là, jaime la pluie salée qui tombe sur moi.
Loin de lui et pourtant je ne sens proche dYvon qui bizarrement me manque surtout le soir quand je suis dans mon transat avec lun des livres que jai achetés à la librairie de la place Saint-Michel.
Jen prends plusieurs chaque année alors que je pourrais en trouver ici, mais cest une des habitudes que nous avions avec Charles chaque année.
Une des choses dont je me souviens, cest quil avait horreur quun livre ait été lu avant lui.
Depuis sa mort, bizarrement, jai du mal à les commencer, car je les trouve inversement trop neufs.
Encore une manie de vieille.
Oui j'ai soixante ans !
Un après-midi, alors que je suis dans mon transat jentends quon me parle.
- Alors on dort, dis donc tu commences à bronzer, je vais être jaloux.
Jouvre mes yeux, il est là devant moi son sac de sport au bout des bras.
- Que fais-tu là et ton travail à Paris ?
Juste le temps de dire ces mots et je suis debout, je me retrouve dans ses bras son sac à nos pieds.
- Le patron était un con, plus je faisais des heures et plus il fallait que jen fasse, de plus le midi je mangeais un sandwich avec une bière au café voisin.
Ils mont dit quà la fin du mois, je ne serais pas payé, comme les quatre autres CDD qui avaient travaillé chez lui, le garage était presque en faillite.
Alors me voilà.
Je me serre contre lui, peu importe nos âges, je suis en maillot une pièce, non pas une pièce comme ceux que les femmes portent en compétition, mais une simple culotte de celui à deux pièces que je mets les rares fois où je vais à la plage me baigner.
Oui je suis seins nus et juste mon bas de maillot !
La honte.
Mes seins réagissaient sous sa main sur notre canapé.
Là c'est pire, cest contre de sa poitrine quils se réveillent de leur torpeur.
Je suis collée à lui mes mamelles de femme mature écrasés contre lui.
Je deviens folle mais une douce folie m'envahit.
Oui, on jardin étant isolé, cest pour cela que je bronze seins nus.
Je lève la tête, il est plus grand que moi, ce sont des détails qui mavaient échappé à Paris, il me regarde aussi et me prend les lèvres.
Un dernier moment de refus, bien sûr toujours lâge.
Mais ses lèvres sont si douces surtout que cest presque la première fois que jembrasse un homme.
À part les premiers jours, Charles mon homme nétait pas sentimental, seule sa bite en moi lui convenait pour se satisfaire presque mécaniquement.
C'était son truc.
Là, je menvole à 60 ans.
Je suis lune de ces mouettes qui tournent autour des maisons toujours prêtes à venir chaparder la moindre parcelle de nourriture.
Mais revenons à cette main, qui descend sur mon sein sans s'y attarder pour rejoindre ma petite culotte que je suis prête à lui abandonner.
Je suis contre lui, je sens quil bande, merde un homme aussi jeune voulant de la chatte dune vieille peau comme moi !
Je n'en reviens pas.
Il quitte une seconde ma bouche.
- Mais tu mouilles ma chatte, jai bien fait de venir éteindre le feu qui couvait en toi.
Cest vrai, je suis de braise, ses affaires comment je fais pour lui ôter, je nen ai cure, le principal cest que je lai dans ma main.
Il mentraîne vers le sol, la pelouse que jai tondue en arrivant nous accueille.
La vision de Charles la tondant la dernière année avant sa mort me passe par lesprit.
Il faut que je lui échappe, je me retourne malgré quil vienne de se coucher sur moi.
- Tu as raison, le missionnaire cest bon pour les vieux, place-toi en levrette, cest la position que jai toujours à lesprit quand la nuit je fais des rêves érotiques.
Je sens quil me prend le bassin et quil me relève, je sens son sexe tendu, jai bien senti que sa queue était bien plus longue que la seule que javais connue, mais nous nous regardions tellement intensément que mon regard ne sest pas porté vers elle.
Il entre en moi, jai limpression dêtre une chienne, cest toujours comme ça que jai vu ces animaux saccoupler, le mâle sur le dos de sa femelle.
Je dois reconnaître que jaime ça, je sens que ma vie est passée à côté beaucoup de choses avec mon mari.
Cest bestial, mais si bon.
Pour la première fois, je sens mon corps être celui dune femme, une femme qui va aimer apprendre tout de celui qui était encore un quand je suis devenue veuve.
- Attends, avant de jouir, je vais te prendre à la cuillère, jai vu cette position dans un porno à lhôtel.
Ils avaient Canal+, reconnais que cest mieux que la position du missionnaire.
Il va trop vite pour moi, je suis frustrée, je sens que dans mon corps une chose jamais ressentie allait arriver.
Toujours allongée, il me fait mettre sur le côté et derrière moi une nouvelle fois je lève une jambe et il entre directement en moi.
Je descends ma main sur notre point de jonction, je le sens entrer et sortir mais surtout je trouve mon clitoris qui pour la première fois semble sorti au grand jour. Je le caresse et je déclenche en moi un orgasme ce qui ne métait jamais arrivé.
Il mexplique quil avait retenu que je partais à Concarneau.
Il est venu en stop, me retrouver et il lui a été facile de se renseigner auprès de la pharmacienne où se trouvait la maison dun de ses confrères parisiens.
Jai un moment de jalousie, la pharmacienne est jeune et célibataire.
Avec Yvon, mon jeune et vigoureux amant, japprends tout.
Dès le premier jour sur la pelouse, il mavoue que je viens de le dépuceler, que navons-nous regardé des films de cul avec Charles, je naurais pas gâché ma vie sexuelle.
- Suce là, nettoie là avec ta langue, oui comme ça, on voit que tu as une grande expérience, ne ten fais pas, je ne suis pas jaloux simplement nostalgique de ne pas être le premier comme tu es la première pour moi.
Nous rêvassions après quil eut éjaculé dans ma bouche, goûtant ce divin nectar que je faisais partir dans le bidet après chaque fois que Charles se déversait en moi et que jai eu un deuxième orgasme simplement avec mes doigts, trois plus exactement, vite rejoints par ceux de mon amant.
Mon amant, non, mon amour, celui qui était fait pour moi afin que je devienne femme, non une femelle en chaleur, une salope, une salope, une salop
Excusez, un nouvel orgasme vient de me frapper, il va me , mais jen veux plus, je veux lui faire voir où il va vivre notre amour dévastateur.
- Dis-moi, cest le bateau de
- Dis-le, mon mari, il était à son père, regarde Gwendoline, cétait le nom de sa maman.
- Cest bête de le laisser pourrir, jaimerais le remettre en état dans les jours prochains.
Cest deux mots, « jours prochains » me va droit au cur. Je ne suis pas le coup dun soir, jai tellement de choses à apprendre et lui, grâce à sa vision de pornos, sait et aime me faire partager.
Pendant que tous les jours je lis sur mon transat profitant de ce magnifique été, entièrement nu maintenant, je le vois couvert de sueur à raboter, clouer, quand il laisse son chantier pour venir me planter là où ça me fait du bien.
Aujourdhui, nous venons de franchir une étape nouvelle, après avoir regardé un film sur le portable que je lui ai acheté pour notre premier mois de vie commune.
Je suis placée en levrette et son gland très bien bandé se présente à mon anus.
Jai eu le malheur, après avoir visionné le film « anal », de lui demander comment il voulait prendre sa petite chienne.
Tout est prêt, il a fini, nous allons à la capitainerie le faire de nouveau enregistrer.
À ce moment une grue vient le sortir de sa léthargie comme Yvon ma fait sortir de la mienne.
Après trois jours de travail sur le moteur, il ne pouvait le faire quentourer deau pour le refroidissement, il met la dernière main avant que nous ne coupions les amarres, Gwendoline sur la coque et sur les papiers que nous avons remplis s'appelle maintenant « Maryse ».
Quelle plus belle preuve damour pour celui qui chaque fois quil me fait lamour menvoie plus haut que les mouettes qui tournoient au-dessus de nous.
Elles sont devenues notre quotidien, jignore si dans les parcs ici, les moineaux attendent de la mie de pain, mais nous ny pensons plus.
Cest la Toussaint, nous sommes avec nos chrysanthèmes à Paris, dans notre cimetière fleurissant toutes nos tombes.
Puis, mollement allongée sur notre bateau pendant quun bar sort de leau, ferré par Yvon, je suis en communication avec le notaire de Charles pour quil prépare la vente de notre appartement.
Le prix du marché quil mannonce va régler les petits soucis dargent que mon amant engendre.
De vieux beaux entretiennent de jeunes putes, moi j'entretiens le vrai amour de ma vie.
Avec cet argent, jachète les matériaux pour la rénovation et lisolement de notre maison quentre deux coups de sexe, Yvon remet en état.
Il a réparé la cheminée intérieure pour nous chauffer à moindres frais.
Il a réparé le four à pain éteint depuis bien longtemps.
Je viens de boire son sperme en attendant que sa première fournée sorte.
Je suis sûre que même sil nest pas bon, je le trouverai délicieux pour accompagner les maquereaux au vin blanc que nous avons pêchés ce matin.
Jen ai pris deux, mais cest lui qui les a décrochés.
Écolo oui, nous vivrons jusquà ma mort dans ce concept, les moineaux nous manquent, cest donc la seule chose que nous ayons achetée à Paris : un tableau trouvé ce matin sur les quais de Paris, après avoir été au cimetière, représentant des moineaux picorant des graines quune vieille dame leur envoie.
Bizarrement, le peintre ne devait pas aimer lui aussi les pigeons, on en voit deux bien loin des moineaux.
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